Retrouver dans cette rubrique chaque semaine, l'album CD ou vinyl qui fait la une de l'actualité électronique pour nos chroniqueurs et djs. Tous les styles sont au menu de cette rubrique : minimal, house, électro, techno voire même trance dans certains cas. La rubrique sera complétée par d'autres albums au fur et à mesure de l'actualité musicale.
Blue Hawaii voit le jour au début de 2010, période faste pour l’industrie musicale montréalaise qui voit également naître Arbutus Records et nombre de groupes indépendants. Au mois de mai, le duo fait paraître un maxi de huit pièces, Blooming Summer (Arbutus Records, 2010), enregistré au retour d’un voyage en Amérique centrale. L’album évoque un sentiment d’enthousiasme et de nouveauté, mettant en scène harmonies féminines denses, synthés saturés, guitares et boîtes à rythmes. Après la parution de l'album, Ra- reprend son rôle au sein de la formation BRAIDS et entreprend une série de tournées, tandis qu’Ag- déménage en Europe pour se concentrer sur la musique dance et électronique ainsi que la production. Les deux membres du groupe décident d’unir leurs forces à nouveau en 2012 pour créer « Untogether », le meilleur album entendu en ce début d’année. Une excellente surprise à vrai dire.
Ils commencent à enregistrer à Vancouver dès le jour de l’an et travaillent sur le projet à distance de façon intermittente jusqu’à ce que l’été s’installe sur Montréal. La sonorité d’Untogether est influencée par l’hiver canadien, se faisant plus froide, plus introspective. Encore une fois, les pièces du duo capturent l’essence d’un endroit et d’un moment précis, mais plutôt que d’évoquer l’effervescence de l’amour, cet album décrit le vaste univers de la conscience de soi et de la fragilité. L’album soulève la question de l’appartenance au milieu de l’incommensurable. Musicalement, l’album est marqué par une production plus aérée.
Bien que l’album ait été enregistré alors que les deux membres de la formation se trouvaient séparés, il forme un tout étonnement cohérent. Il témoigne de la réussite du processus créatif de la paire, qui est parvenue à composer cet opus à distance, et devient par le fait même une réflexion sur la communication et la façon dont la technologie et l’art influencent aujourd’hui les relations interpersonnelles. L’album est également teinté par les deux années écoulées depuis la dernière parution de Blue Hawaii, marquées par des bouleversements au sein de la scène musicale montréalaise, qui a vu certains artistes connaître le succès international et d’autres se refermer sur eux-mêmes.
L’album illustre la dichotomie entre la division et l’appartenance à un groupe. Selon le duo, ces deux notions sont indissociables des bouleversements sociaux et personnels caractéristiques de la vingtaine, marquée autant par le désir de s’isoler que d'appartenir à un groupe. Même le nom Blue Hawaii est teinté par la dichotomie, évoquant un lieu un peu mélancolique et désabusé, mais qui n’en demeure pas moins un paradis. C’est à cause – ou peut-être en dépit – de ces intersections chaotiques que l’album est intitulé « Untogether ».
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